Le secteur ferroviaire français constitue un pilier industriel majeur avec 200 000 emplois et 35 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2025. Cette industrie historique, qui place la France au 3e rang mondial, se transforme pour répondre aux enjeux de modernisation et de transition écologique.
Vue d'ensemble du marché ferroviaire français

L'industrie ferroviaire française se positionne comme un acteur majeur sur la scène internationale avec des performances économiques remarquables. Le secteur démontre une dynamique soutenue, portée par la modernisation des infrastructures et le développement des mobilités durables.
Un secteur industriel structurant pour l'économie nationale
Le transport ferroviaire en France génère un chiffre d'affaires de 35 milliards d'euros en 2024, réparti entre 1 300 entreprises qui emploient 200 000 personnes. Cette filière industrielle structure le territoire national avec des pôles de compétences répartis dans plusieurs régions, notamment les Hauts-de-France qui concentrent une part substantielle de la production.
Répartition géographique des activités
Les sites de production se répartissent principalement entre :
- La région Hauts-de-France : construction de matériel roulant et maintenance
- L'Île-de-France : signalisation et systèmes de contrôle
- L'Occitanie : équipements et composants
- La région Grand Est : infrastructures ferroviaires
Segments d'activité principaux
Le secteur ferroviaire français se structure autour de trois segments majeurs :
Segment | Part du CA total |
Matériel roulant | 45% |
Infrastructure | 35% |
Signalisation | 20% |
Position concurrentielle internationale
La France maintient sa position de 3e marché mondial du ferroviaire, derrière la Chine et l'Allemagne. Cette performance s'appuie sur l'excellence technologique des industriels français, particulièrement dans les domaines de la grande vitesse et des transports urbains. Les exportations représentent 30% du chiffre d'affaires du secteur, avec une présence forte en Europe, en Asie et au Moyen-Orient.
Perspectives de croissance
Les prévisions pour 2025 indiquent une progression du marché français de 3,5% par an, soutenue par :
- Le renouvellement du parc de matériel roulant régional
- Les investissements dans les infrastructures de transport urbain
- Le développement du fret ferroviaire
- Les projets de modernisation des lignes existantes
Les acteurs majeurs de l'industrie ferroviaire
L'industrie ferroviaire française compte parmi ses rangs plusieurs acteurs majeurs qui structurent ce secteur industriel stratégique. Des constructeurs historiques aux équipementiers spécialisés, l'écosystème ferroviaire hexagonal se caractérise par la présence d'entreprises de dimension internationale.
Les constructeurs ferroviaires dominants
Alstom occupe une position prépondérante sur le marché français et international du matériel roulant. Suite à l'acquisition de Bombardier Transport en janvier 2021 pour 5,5 milliards d'euros, le groupe a consolidé sa position de n°2 mondial derrière le chinois CRRC. Alstom réalise un chiffre d'affaires de 15,5 milliards d'euros en 2024 et emploie plus de 70 000 collaborateurs dans 70 pays.
Siemens Mobility, filiale du groupe allemand Siemens, constitue le second acteur majeur sur le marché français. L'entreprise excelle particulièrement dans les systèmes de signalisation et d'automatisation. En 2024, Siemens Mobility a remporté plusieurs contrats importants en France, notamment pour l'automatisation de lignes de métro.
Les équipementiers ferroviaires
Hitachi Rail STS (ex-Ansaldo) s'est imposé comme un acteur incontournable dans la signalisation ferroviaire. L'entreprise japonaise dispose de plusieurs sites en France et collabore étroitement avec la SNCF sur des projets de modernisation.
Knorr-Bremse, leader mondial des systèmes de freinage ferroviaire, maintient une présence industrielle forte en France avec trois sites de production. Le groupe a investi 45 millions d'euros en 2024 pour moderniser son usine de Tinqueux.
Les opérateurs historiques
La SNCF demeure l'opérateur principal du réseau ferré national. Son activité industrielle comprend la maintenance du matériel roulant dans ses 35 technicentres. La RATP gère quant à elle un parc de plus de 700 rames de métro et 350 rames de RER, avec des ateliers de maintenance majeurs en Île-de-France.
Acteur | CA 2024 (Mds €) | Effectifs France |
Alstom | 15,5 | 12 500 |
Siemens Mobility | 9,2 | 3 200 |
Hitachi Rail | 2,8 | 1 500 |
Knorr-Bremse | 1,9 | 850 |
Infrastructure et équipements ferroviaires
Le réseau ferroviaire français compte plus de 30 000 kilomètres de voies ferrées qui nécessitent des équipements et une maintenance régulière pour garantir la sécurité et la performance du transport. Les infrastructures ferroviaires constituent le socle du système de transport sur rail.
Les infrastructures ferroviaires
Le réseau ferré national comprend plusieurs types de voies :
- 27 594 km de lignes électrifiées
- 2 406 km de lignes à grande vitesse
- 15 687 km de voies uniques
- 14 313 km de voies doubles ou plus
Les infrastructures incluent également 28 892 ponts et viaducs, 1 723 tunnels, ainsi que 2 931 gares voyageurs. La modernisation du réseau mobilise des investissements conséquents : 2,8 milliards d'euros en 2024 pour le renouvellement des voies et la sécurisation.
Le matériel roulant
Le parc de matériel roulant français se compose de :
Type | Nombre d'unités |
TGV | 364 |
Locomotives | 1 827 |
Voitures voyageurs | 4 123 |
Wagons de fret | 23 687 |
La signalisation et les systèmes de sécurité
Les systèmes de signalisation et de contrôle-commande garantissent la sécurité des circulations. Le déploiement de l'ERTMS (European Rail Traffic Management System) se poursuit avec 1 250 km de lignes équipées fin 2024. La maintenance préventive et corrective des équipements de signalisation mobilise 3 500 agents.
Projets d'infrastructure 2025-2030
Les principaux projets de construction et modernisation concernent :
- Le prolongement de la LGV Bordeaux-Toulouse (4,1 milliards €)
- La régénération de 1 200 km de voies par an
- La modernisation de 25 gares régionales
- Le remplacement de 450 aiguillages
Innovation et R&D dans le ferroviaire

L'innovation et la R&D constituent les moteurs de transformation du secteur ferroviaire français en 2025. Les investissements dans la recherche atteignent 850 millions d'euros annuels, répartis entre les industriels et les organismes publics. Cette dynamique répond aux exigences de compétitivité internationale et aux objectifs de décarbonation.
Axes majeurs d'innovation technologique
Le développement des trains autonomes mobilise 450 chercheurs en France. Les systèmes de conduite automatique intègrent l'intelligence artificielle pour la gestion des donnees de circulation. La securite reste prioritaire avec des protocoles de validation stricts et des tests sur lignes pilotes.
La propulsion hydrogène progresse avec 15 rames en production pour 2026. Les piles à combustible atteignent désormais 800 kW de puissance. Trois sites industriels français fabriquent les composants des systemes de stockage d'hydrogène.
Digitalisation et ERTMS
La transformation numérique touche l'ensemble de la chaîne de production. Le déploiement de l'ERTMS niveau 2 concerne 2500 km de lignes en 2025. Les systemes embarqués transmettent en temps réel 4 To de donnees quotidiennes sur l'état des équipements.
Cybersécurité ferroviaire
Les investissements en cybersecurite atteignent 120 millions d'euros par an. Trois centres de supervision securite surveillent les réseaux 24h/24. La certification des systemes critiques suit le référentiel européen CyberRail.
Maintenance prédictive
L'analyse des donnees par intelligence artificielle permet d'anticiper 85% des pannes. Les capteurs connectés surveillent 25 000 km de voies. Les algorithmes prédictifs optimisent les cycles de maintenance et réduisent les coûts de 23%.
Écosystème d'innovation
Six pôles de compétitivité coordonnent 280 projets collaboratifs. Les laboratoires publics et privés emploient 2400 chercheurs. Le budget R&D des équipementiers représente 4,2% de leur chiffre d'affaires. La production de brevets a augmenté de 35% en trois ans.
Domaine R&D | Budget annuel (M€) | Effectifs recherche |
Trains autonomes | 180 | 450 |
Hydrogène | 150 | 320 |
Digitalisation | 220 | 580 |
Cybersécurité | 120 | 280 |
Enjeux environnementaux et transition écologique

La décarbonation du secteur ferroviaire constitue un objectif prioritaire pour réduire l'empreinte environnementale des systemes de transport. Les engagements nationaux visent une réduction de 30% des émissions de CO2 d'ici 2030 par rapport à 2015.
Objectifs environnementaux du secteur
Le ferroviaire français s'engage dans une démarche de transition énergétique ambitieuse. La production de matériel roulant évolue vers des technologies plus propres, avec le développement de motorisations alternatives comme l'hydrogène et les batteries électriques. La maintenance prédictive permet d'optimiser la durée de vie des équipements tout en réduisant leur consommation énergétique.
Les solutions de décarbonation
Plusieurs technologies sont déployées pour remplacer la traction diesel :
- Trains à batteries pour les petites lignes (autonomie 80-120 km)
- Trains bi-mode électrique/hydrogène
- Électrification ciblée des axes principaux
Efficacité énergétique et normes environnementales
Les systemes ferroviaires intègrent désormais des équipements moins énergivores. La réglementation impose des seuils d'émissions plus stricts, notamment la norme Euro VI pour les moteurs diesel. Les investissements verts concernent aussi la modernisation des infrastructures avec :
- L'éco-conception des voies et ouvrages d'art
- Le recyclage des matériaux de voie
- L'utilisation d'énergies renouvelables pour les bâtiments
Transport ferroviaire et transition écologique
Le rail participe activement à la décarbonation des transports avec seulement 0,3% des émissions du secteur pour 10% des voyageurs transportés. Les objectifs 2030 prévoient :
Indicateur | Objectif 2030 |
Part modale du fret ferroviaire | 18% |
Réduction consommation énergie | -20% |
Taux de recyclage matériel | 95% |
Les métiers et formations du ferroviaire

Le secteur ferroviaire français représente plus de 200 000 emplois directs répartis entre la maintenance, l'exploitation et l'ingénierie. D'ici 2030, les besoins en recrutement sont estimés à 50 000 postes en Europe, dont près d'un tiers en France, en raison des départs en retraite et du développement de nouvelles activités.
Les grands domaines de métiers
L'industrie ferroviaire regroupe plusieurs familles de métiers techniques et supports :
- Ingénierie et conception (25% des effectifs)
- Production et maintenance (45%)
- Exploitation et circulation (20%)
- Fonctions support (10%)
Métiers de l'ingénierie
Les bureaux d'études mobilisent des ingénieurs en mécanique, électronique, automatismes et systèmes embarqués. Ces profils conçoivent le matériel roulant, les infrastructures et les équipements de signalisation. La R&D requiert également des compétences en intelligence artificielle et big data pour développer les trains autonomes.
Métiers de la maintenance
Les techniciens et ingénieurs de maintenance assurent l'entretien préventif et correctif des trains, voies et équipements. Les entreprises recherchent des profils en électrotechnique, mécanique et maintenance prédictive. La digitalisation de la maintenance nécessite aussi des compétences en analyse de données.
Formations et cursus spécialisés
Le secteur s'appuie sur un large éventail de formations :
Niveau | Formations |
Bac Pro | Maintenance des équipements industriels |
BTS | Électrotechnique, Maintenance industrielle |
Licence Pro | Maintenance ferroviaire |
École d'ingénieurs | Génie mécanique, Systèmes embarqués |
Transmission des compétences
Face aux départs massifs en retraite, les entreprises mettent en place des dispositifs de tutorat et de formation en alternance. Des centres de formation internes aux entreprises assurent le transfert des savoir-faire spécifiques. L'alternance concerne 8% des effectifs en 2024, avec un objectif de 12% en 2027.
Les nouvelles technologies modifient les besoins en compétences : digitalisation de la maintenance, automatisation de la production, cybersécurité. Les entreprises investissent dans la formation continue pour adapter les compétences de leurs salariés.
Réglementation et normes du secteur

L'industrie ferroviaire française évolue dans un environnement réglementaire strict, encadré par des directives européennes et des normes nationales qui garantissent la sécurité et l'interopérabilité des systèmes ferroviaires.
Cadre réglementaire européen
Le règlement (UE) 2016/796 du 11 mai 2016 institue l'Agence de l'Union européenne pour les chemins de fer (ERA). Cette agence supervise les normes techniques et les règles de sécurité communes. La directive (UE) 2016/797 relative à l'interopérabilité établit les Spécifications Techniques d'Interopérabilité (STI) qui définissent les exigences pour les sous-systèmes ferroviaires.
Réglementation française
En France, l'Établissement Public de Sécurité Ferroviaire (EPSF) délivre les autorisations de mise sur le marché du matériel roulant et les certificats de sécurité aux entreprises ferroviaires. La loi n°2018-515 du 27 juin 2018 pour un nouveau pacte ferroviaire renforce les prérogatives de l'EPSF en matière de contrôle.
Certifications obligatoires
- Certification ISO/TS 22163 (IRIS) pour les fabricants de matériel ferroviaire
- Agrément de sécurité pour les gestionnaires d'infrastructure
- Licence d'entreprise ferroviaire pour les opérateurs
- Certification EN 15085 pour le soudage des véhicules ferroviaires
Protection des données
Le règlement général sur la protection des données (RGPD) s'applique aux systèmes de billettique et aux données des voyageurs. La directive NIS 2 (UE) 2022/2555 renforce la cybersécurité des systèmes ferroviaires critiques.
Évolutions réglementaires récentes
Le 4e paquet ferroviaire européen, entré en vigueur en 2020, harmonise les procédures d'autorisation au niveau européen. L'ERA devient le guichet unique pour l'homologation des véhicules destinés au trafic international. Les nouvelles STI 2022 intègrent des exigences renforcées pour la digitalisation et l'automatisation des systèmes ferroviaires.
Domaine réglementaire | Texte applicable | Date d'application |
Sécurité | Directive 2016/798/UE | 16/06/2020 |
Interopérabilité | Directive 2016/797/UE | 16/06/2020 |
Cybersécurité | Directive NIS 2 | 17/01/2025 |
Perspectives et défis futurs

L'industrie ferroviaire française se prépare à des mutations profondes d'ici 2030, portées par les évolutions technologiques et les nouveaux besoins en transport. Les perspectives de développement s'articulent autour de plusieurs axes stratégiques qui transformeront le secteur.
Transformation digitale du secteur
La digitalisation constitue un vecteur majeur d'évolution pour les entreprises ferroviaires françaises. L'intégration des technologies numériques dans la production et l'exploitation permet d'améliorer la performance opérationnelle. Les systèmes de signalisation ERTMS de nouvelle génération, déployés progressivement sur le réseau national, illustrent cette modernisation. D'après les projections, 65% du réseau principal sera équipé en 2030.
Automatisation et intelligence artificielle
Le développement de l'automatisation modifie profondément les modes de production industrielle. Les prévisions indiquent que 40% des opérations de maintenance seront automatisées d'ici 2030. L'intelligence artificielle permet également d'optimiser la gestion du trafic et la maintenance prédictive.
Interopérabilité européenne
L'harmonisation technique à l'échelle européenne constitue un enjeu central. Les industriels français adaptent leurs productions aux standards européens pour faciliter la circulation transfrontalière. Le marché européen devrait progresser de 25% entre 2025 et 2030.
Compétitivité internationale
Face à la concurrence asiatique, les entreprises françaises misent sur l'innovation technologique et l'excellence industrielle. Les investissements en R&D représenteront 4,5% du chiffre d'affaires en 2030. Le renouvellement des infrastructures nécessitera 15 milliards d'euros d'investissements sur la période 2025-2030.
Segment de marché | Croissance attendue 2025-2030 |
Matériel roulant | +18% |
Signalisation | +22% |
Services | +15% |
Développement durable
La décarbonation du transport ferroviaire guide les orientations industrielles. Le déploiement des trains à hydrogène et l'électrification des lignes secondaires mobiliseront 8 milliards d'euros d'investissements d'ici 2030. Les prévisions tablent sur une réduction de 40% des émissions de CO2 du secteur.
L'essentiel à retenir sur l'industrie ferroviaire française
L'industrie ferroviaire française poursuit sa mutation vers le digital et l'écologie. Les développements technologiques comme les trains autonomes et à hydrogène dessinent le futur du rail. Les investissements massifs dans les infrastructures et la R&D, combinés aux recrutements prévus, assurent la pérennité du secteur d'ici 2030.