Les dangers professionnels représentent une menace constante pour de nombreux travailleurs dans divers secteurs d'activité. Qu'il s'agisse de risques chimiques, physiques ou biologiques, ces dangers peuvent avoir des conséquences graves sur la santé des salariés. Comprendre ces risques et mettre en place des mesures de protection adaptées est essentiel pour garantir la sécurité et le bien-être des travailleurs exposés. Le Document Unique d'Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) est une obligation légale pour tous les employeurs en France, quelle que soit la taille de l'entreprise. Sa mise à jour doit être effectuée au minimum une fois par an et lors de tout changement important affectant la santé et la sécurité des travailleurs.

Mise en œuvre concrète de la prévention des risques

Mettre en place une prévention efficace des risques professionnels ne se limite pas à identifier les dangers. Cela implique de transformer l’analyse en actions concrètes, coordonnées et durables. Cette mise en œuvre repose sur plusieurs leviers essentiels qui doivent être mobilisés de manière cohérente : la formation, le suivi des démarches de prévention, ainsi que l’implication active de l’encadrement. Ces éléments conditionnent la réussite de toute politique de santé et sécurité au travail.

Formation obligatoire des salariés

Former les salariés est un pilier fondamental de la prévention. Cette formation doit couvrir les risques identifiés dans le DUERP et être renouvelée en cas de changement de poste ou de procédure. Elle permet de développer une culture de la sécurité partagée.

Suivi et mise à jour régulière du DUERP

La mise à jour du DUERP doit être réalisée au moins une fois par an, et systématiquement après toute modification importante des conditions de travail. Un suivi rigoureux garantit la pertinence continue du plan d'action.

Implication du management

L'engagement visible de la direction et de l'encadrement est indispensable pour renforcer la légitimité des démarches de prévention. Cela passe par l'exemplarité, l'écoute des retours du terrain, et la prise en compte des remontées du personnel.

Principales erreurs à éviter dans la gestion des risques

  • Ne pas associer les salariés à l’évaluation des risques
  • Se contenter d’un DUERP générique, sans lien avec les réalités du terrain
  • Reporter indéfiniment la mise à jour du document unique
  • Négliger la formation continue sur les risques spécifiques
  • Penser que les EPI suffisent sans analyser les causes profondes des dangers

Rédaction du document unique : une étape clé de la prévention

La rédaction du document unique d'évaluation des risques professionnels (DUERP) représente une obligation réglementaire et un levier stratégique pour prévenir les dangers en entreprise. Cette démarche ne se limite pas à une simple formalité administrative : elle doit refléter fidèlement les risques réels auxquels les salariés sont exposés et les actions prévues pour les maîtriser.

Pour être efficace, la rédaction du document unique repose sur la participation active des différents acteurs de l’entreprise : encadrement, salariés, instances représentatives. Elle nécessite aussi une bonne connaissance des situations de travail, des outils d’évaluation disponibles et de la réglementation en vigueur. L’employeur peut s’appuyer sur des outils comme les grilles d’analyse sectorielles, les statistiques d’accidents ou les retours d’expérience internes pour alimenter le contenu du DUERP. Un document bien rédigé et à jour est aussi un support précieux en cas de contrôle de l’Inspection du travail ou d’expertise judiciaire.

Comprendre les risques professionnels

Les risques professionnels constituent une réalité omniprésente dans le monde du travail. Ils représentent l'ensemble des dangers auxquels sont exposés les travailleurs dans le cadre de leur activité professionnelle, pouvant entraîner des accidents ou des maladies. La connaissance de ces risques est fondamentale tant pour les employeurs que pour les salariés afin de mettre en place des mesures de prévention adaptées.

Les risques chimiques

Les risques chimiques sont parmi les plus répandus dans certains secteurs d'activité. Ils concernent l'exposition à des substances potentiellement dangereuses pour la santé. Selon le Code du travail, l'employeur doit interdire "l'utilisation de produits chimiques dangereux aux salariés qui n'ont pas été formés et informés sur la toxicité des produits". Ces risques se manifestent notamment dans l'industrie, les laboratoires ou encore le secteur du nettoyage. L'exposition peut se faire par inhalation, contact cutané ou ingestion et peut provoquer des effets immédiats (brûlures, irritations) ou différés (cancers professionnels, maladies respiratoires chroniques).

Les risques physiques

Ces risques sont liés aux conditions matérielles de travail et comprennent plusieurs catégories :

Risques de chutes

Première cause d'accidents mortels au travail, les chutes de hauteur font l'objet d'une attention particulière dans la réglementation. Le Code du travail précise notamment l'interdiction "d'utiliser une échelle comme poste de travail en hauteur" sans mise en place de protections adaptées comme une "plate-forme individuelle roulante légère".

Risques liés aux machines

L'entrée en contact avec des éléments en fonctionnement sur une machine constitue un danger majeur. Par exemple, l'utilisation d'une "perceuse à colonne si le protecteur du mandrin est défectueux" doit être strictement interdite.

Autres risques physiques

On peut également citer le bruit, les vibrations mécaniques, les températures extrêmes ou encore le travail en milieu hyperbare, qui sont tous recensés comme facteurs de risques professionnels dans la réglementation française.

Les risques psychosociaux

Définis comme "un risque pour la santé physique et mentale des travailleurs", les risques psychosociaux incluent la surcharge de travail, les agressions et violences internes ou externes, le harcèlement ou encore le stress chronique. Ces risques, moins visibles mais tout aussi dommageables, font désormais partie intégrante de l'évaluation des risques professionnels que doit réaliser l'employeur.

Profil des travailleurs concernés

Identifier les travailleurs les plus exposés aux dangers professionnels permet de mieux cibler les actions de prévention. Certains secteurs d'activité et certaines catégories de travailleurs présentent des niveaux de risque plus élevés que d'autres, nécessitant une attention particulière en termes de protection et de prévention.

Les secteurs d'activité à haut risque

Plusieurs secteurs professionnels se distinguent par leur niveau élevé d'exposition aux risques pour les travailleurs :

Le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) expose quotidiennement ses travailleurs à des risques de chutes de hauteur, d'ensevelissement, d'écrasement ou d'accidents liés à l'utilisation d'engins et d'outils. Les statistiques montrent que ce secteur concentre près de 16% des accidents du travail alors qu'il ne représente que 8% des salariés.

L'industrie chimique soumet ses travailleurs à des expositions potentiellement dangereuses à des substances toxiques, corrosives, inflammables ou explosives. Les risques d'intoxication, de brûlures ou d'affections respiratoires y sont particulièrement présents.

Dans l'agriculture, les travailleurs sont confrontés à des risques variés : produits phytosanitaires, machines agricoles, animaux, postures contraignantes et efforts physiques intenses.

Les catégories de travailleurs particulièrement vulnérables

Certains profils de travailleurs présentent une vulnérabilité accrue face aux risques professionnels :

Les travailleurs temporaires et intérimaires sont souvent moins formés aux risques spécifiques des postes qu'ils occupent. Leur rotation fréquente entre différents environnements de travail les expose davantage aux accidents. Selon les données de la sécurité sociale, le taux de fréquence des accidents du travail est deux fois plus élevé chez les intérimaires que chez les salariés permanents.

Les travailleurs de nuit subissent des perturbations de leur rythme biologique pouvant entraîner des troubles du sommeil, des problèmes digestifs et cardiovasculaires, ainsi qu'une baisse de vigilance augmentant les risques d'accidents.

Les facteurs augmentant la vulnérabilité

Plusieurs facteurs contribuent à accroître l'exposition aux risques professionnels :

  • Le manque de formation et d'information sur les risques spécifiques du poste de travail
  • L'absence ou l'insuffisance d'équipements de protection individuelle adaptés
  • La pression temporelle et les cadences de travail élevées
  • L'isolement sur le lieu de travail, rendant plus difficile l'alerte en cas d'accident
  • La barrière linguistique pour les travailleurs étrangers, limitant la compréhension des consignes de sécurité

La prise en compte de ces différents profils de travailleurs et secteurs à risque permet d'orienter efficacement les politiques de prévention et de protection, en adaptant les mesures aux réalités spécifiques de chaque situation professionnelle.

Les obligations des employeurs

En France, la protection des travailleurs contre les risques professionnels est encadrée par un ensemble de dispositions légales qui imposent aux employeurs des obligations précises. Ces mesures visent à garantir la sécurité et préserver la santé physique et mentale des salariés dans leur environnement de travail.

L'obligation générale de sécurité

Conformément au Code du travail, l'employeur est tenu d'assurer la sécurité et de protéger la santé physique et mentale des travailleurs. Cette obligation de sécurité est une obligation de résultat, ce qui signifie que l'employeur doit prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter les accidents et les maladies professionnelles. Le manquement à cette obligation peut engager sa responsabilité civile et pénale.

L'évaluation obligatoire des risques professionnels

L'évaluation des risques constitue la pierre angulaire de la démarche de prévention. L'employeur doit identifier et évaluer tous les risques qui ne peuvent pas être évités, en tenant compte notamment des procédés de fabrication, des équipements de travail, des substances chimiques utilisées et de l'aménagement des lieux de travail.

Cette évaluation doit être systématique et exhaustive, couvrant l'ensemble des postes de travail et des situations professionnelles. Elle doit également prendre en compte les différences d'exposition selon le sexe des travailleurs.

Le Document Unique d'Évaluation des Risques Professionnels (DUERP)

Les résultats de l'évaluation des risques doivent être consignés dans le Document Unique d'Évaluation des Risques Professionnels (DUERP). Ce document est obligatoire pour toutes les entreprises, quelle que soit leur taille ou leur secteur d'activité. Il doit être mis à jour au moins annuellement et lors de toute décision d'aménagement modifiant les conditions de travail.

Depuis 2022, le DUERP doit être conservé pendant 40 ans, assurant ainsi la traçabilité collective des expositions aux risques professionnels. Il doit être accessible aux salariés, aux représentants du personnel et aux services de santé au travail.

Mise en oeuvre des actions de prévention

Sur la base du DUERP, l'employeur doit mettre en place un programme d'actions de prévention visant à réduire les risques identifiés. Ces actions doivent respecter les neuf principes généraux de prévention énoncés dans le Code du travail, parmi lesquels figurent l'évitement des risques, l'adaptation du travail à l'homme et la priorité des mesures de protection collective sur les mesures individuelles.

L'employeur doit également informer et former les salariés sur les risques auxquels ils sont exposés et sur les moyens de prévention mis en œuvre. Cette formation doit être adaptée à la nature des risques et renouvelée aussi souvent que nécessaire.

Évaluation des risques et mise en œuvre du DUERP

L'évaluation des risques professionnels constitue une obligation fondamentale pour tout employeur, quelle que soit la taille ou le secteur d'activité de l'entreprise. Cette démarche préventive vise à identifier, analyser et hiérarchiser les dangers auxquels sont exposés les travailleurs afin de mettre en place des actions de prévention adaptées.

Qu'est-ce que le Document Unique d'Évaluation des Risques Professionnels ?

Le DUERP est un document obligatoire qui transcrit les résultats de l'évaluation des risques professionnels. Il répertorie l'ensemble des dangers identifiés dans l'entreprise et les mesures de prévention correspondantes. Ce document doit être mis à jour au minimum annuellement et lors de tout changement important affectant les conditions de travail.

Conformément au Code du travail, le DUERP doit être tenu à la disposition des travailleurs, des représentants du personnel, du médecin du travail et des agents de l'inspection du travail. Depuis 2022, il doit également être conservé pendant 40 ans pour assurer la traçabilité collective des expositions.

Méthodologie d'évaluation des risques

L'évaluation des risques repose sur une approche structurée en plusieurs étapes :

1. Préparation de la démarche

Cette phase consiste à définir le cadre de l'évaluation, constituer des groupes de travail et planifier les différentes étapes. La participation des travailleurs et de leurs représentants est essentielle pour une évaluation pertinente.

2. Identification des dangers

Il s'agit de recenser tous les dangers présents dans l'entreprise : risques physiques, chimiques, biologiques, psychosociaux, etc. Cette identification peut s'appuyer sur l'observation des postes de travail, l'analyse des accidents survenus et l'étude des fiches de données de sécurité.

3. Analyse et hiérarchisation des risques

Chaque risque identifié est évalué selon sa gravité potentielle et sa probabilité d'occurrence. Cette cotation permet de prioriser les actions de prévention à mettre en œuvre.

Élaboration du plan d'action

L'évaluation des risques n'a de sens que si elle débouche sur des actions concrètes. Le plan d'action doit respecter les principes généraux de prévention définis par le Code du travail, notamment :

  • Éviter les risques
  • Évaluer les risques qui ne peuvent être évités
  • Combattre les risques à la source
  • Adapter le travail à l'homme
  • Tenir compte de l'évolution de la technique

Pour les entreprises d'au moins 50 salariés, ce plan d'action est intégré au programme annuel de prévention des risques professionnels.

Outils d'aide à l'évaluation

Plusieurs outils gratuits sont disponibles pour faciliter la démarche d'évaluation des risques, notamment ceux proposés par l'INRS ou les CARSAT. Ces outils guident l'utilisateur dans l'identification des risques propres à son secteur d'activité et proposent des mesures de prévention adaptées.

L'évaluation des risques professionnels et le DUERP constituent ainsi le socle de toute démarche de prévention. Au-delà de l'obligation réglementaire, ils représentent de véritables outils de gestion permettant d'améliorer les conditions de travail et de préserver la santé des travailleurs.

Rôle des instances de représentation et de santé

Les instances représentatives du personnel et les services de santé au travail constituent des acteurs majeurs dans la protection des travailleurs exposés aux dangers professionnels. Leur rôle complémentaire permet d'assurer une surveillance constante des conditions de travail et une prévention efficace des risques.

Le Comité Social et Économique : un acteur central de la prévention

Le Comité Social et Économique (CSE) représente les salariés et contribue activement à la protection de leur santé. Dans les entreprises d'au moins 50 salariés, le CSE dispose d'attributions étendues en matière de santé, sécurité et conditions de travail. Concrètement, le CSE participe à l'analyse des risques professionnels auxquels peuvent être exposés les travailleurs. Il peut, par exemple, réaliser des inspections régulières des postes de travail pour identifier des situations dangereuses. Le Code du travail prévoit également que le CSE soit consulté avant toute décision d'aménagement important modifiant les conditions de travail.

Missions spécifiques en matière de prévention

Le CSE contribue à la promotion de la santé physique et mentale des travailleurs par plusieurs actions concrètes :

  • Participation à l'élaboration et la mise à jour du Document Unique d'Évaluation des Risques Professionnels
  • Analyse des accidents du travail et des maladies professionnelles
  • Proposition de mesures préventives
  • Droit d'alerte en cas de danger grave et imminent

Les services de santé au travail : expertise médicale et technique

Les Services de Prévention et de Santé au Travail (SPST) constituent l'autre pilier de la protection des travailleurs. Leur mission principale est d'éviter toute altération de la santé des travailleurs du fait de leur activité professionnelle. Le médecin du travail, figure centrale de ces services, évalue l'état de santé des salariés et leur aptitude à occuper leur poste. Il peut proposer des aménagements de poste ou des mesures individuelles comme le reclassement professionnel lorsqu'un travailleur est exposé à des risques particuliers.

Une approche pluridisciplinaire des risques

Les SPST disposent d'équipes pluridisciplinaires comprenant des infirmiers, des toxicologues, des ergonomes et des psychologues du travail. Cette complémentarité permet d'identifier et d'évaluer l'ensemble des risques auxquels sont exposés les travailleurs.

Par exemple, face à des travailleurs exposés à des agents chimiques cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR), les SPST peuvent réaliser des mesurages et recommander des équipements de protection adaptés. Ils contribuent également à la traçabilité des expositions professionnelles, élément fondamental pour la reconnaissance ultérieure de maladies professionnelles.

Collaboration entre les instances pour une protection renforcée

La protection optimale des travailleurs repose sur une collaboration étroite entre le CSE et les services de santé au travail. Le médecin du travail peut ainsi assister aux réunions du CSE consacrées aux questions de santé, tandis que les représentants du personnel peuvent solliciter l'expertise du service de santé pour analyser des situations à risque.

Déclaration et traçabilité des expositions

La traçabilité des expositions professionnelles constitue un enjeu majeur de santé au travail. Les employeurs ont des obligations légales précises concernant la déclaration et le suivi des expositions des travailleurs aux agents dangereux, notamment les agents chimiques cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR).

Nouvelles obligations concernant la liste des travailleurs exposés

Depuis le décret n° 2024-307 du 4 avril 2024, les employeurs ont jusqu'au 5 juillet 2024 pour établir une liste nominative des travailleurs exposés ou susceptibles d'être exposés aux agents CMR. Cette liste doit contenir des informations essentielles :

  • Les substances auxquelles le travailleur est susceptible d'être exposé
  • La nature de l'exposition
  • La durée d'exposition
  • Le degré d'exposition (lorsque cette information est disponible)

Communication et conservation des données d'exposition

L'article R. 4412-93-2 du Code du travail définit précisément les modalités de communication de cette liste. L'employeur doit :

  • Mettre la liste à disposition des travailleurs qui y sont mentionnés
  • Présenter cette liste de manière anonymisée aux autres travailleurs et aux membres du CSE
  • Transmettre la liste et ses actualisations aux services de prévention et de santé au travail

Ces services doivent conserver la liste pour une durée minimale de 40 ans, garantissant ainsi une traçabilité à long terme des expositions professionnelles.

Cas particulier des travailleurs intérimaires

Pour les salariés intérimaires, le dispositif prévoit que l'entreprise utilisatrice communique à l'agence d'intérim les informations relatives aux expositions et leurs actualisations. Cette disposition assure que la traçabilité des expositions est maintenue même dans le cadre de missions temporaires.

Sources d'information pour établir la liste

Pour constituer cette liste, l'employeur peut s'appuyer sur plusieurs documents existants :

  • Le Document Unique d'Évaluation des Risques Professionnels (DUERP)
  • Les résultats des mesurages des Valeurs Limites d'Exposition Professionnelle (VLEP)
  • Les rapports de contrôle technique
  • La notice de poste prévue à l'article R. 4412-39 du Code du travail
  • La fiche d'entreprise établie par le médecin du travail

Cette traçabilité des expositions professionnelles n'est pas une simple formalité administrative. Elle permet d'assurer un suivi médical adapté et de faciliter la reconnaissance des maladies professionnelles, tout en contribuant à l'amélioration continue des mesures de prévention dans l'entreprise.

Utilisation d'équipements de protection individuelle (EPI)

Les équipements de protection individuelle (EPI) constituent le dernier rempart contre les dangers professionnels lorsque les mesures de protection collective s'avèrent insuffisantes. Bien que positionnés en fin de hiérarchie des mesures préventives, leur rôle reste déterminant pour préserver la santé des travailleurs exposés aux risques professionnels.

Les différents types d'EPI selon les risques professionnels

Les équipements de protection individuelle se déclinent en plusieurs catégories selon les parties du corps à protéger et les dangers auxquels les travailleurs sont exposés :

  • Protection de la tête : casques, cagoules, bonnets
  • Protection des yeux et du visage : lunettes, écrans faciaux, masques de soudage
  • Protection respiratoire : masques filtrants, appareils respiratoires isolants
  • Protection des mains : gants adaptés aux risques chimiques, mécaniques ou thermiques
  • Protection du corps : combinaisons, tabliers, vêtements de protection
  • Protection contre les chutes : harnais, longes, absorbeurs d'énergie
  • Protection des pieds : chaussures ou bottes de sécurité
  • Protection auditive : bouchons d'oreilles, casques antibruit

Obligations réglementaires concernant les EPI

Le Code du travail impose des obligations précises concernant les EPI. L'employeur doit fournir gratuitement les équipements nécessaires et veiller à leur utilisation effective. Ces équipements doivent être conformes aux normes européennes et porter le marquage CE, garantissant leur conformité aux exigences essentielles de santé et de sécurité.

Selon l'article R.4323-95 du Code du travail, les EPI doivent être appropriés aux risques à prévenir et aux conditions de travail, tenir compte des exigences ergonomiques, et être adaptés à la morphologie des utilisateurs.

La mise en oeuvre des EPI en entreprise

L'efficacité des EPI repose sur plusieurs facteurs :

  • La sélection adaptée aux risques identifiés dans le Document Unique d'Évaluation des Risques
  • La formation des travailleurs à leur utilisation correcte
  • L'information sur les risques contre lesquels ils protègent
  • La vérification périodique de leur état et leur remplacement si nécessaire
  • Le stockage dans des conditions préservant leur intégrité

Limites et contraintes des EPI

Les EPI présentent certaines limites qu'il convient de reconnaître. Ils peuvent générer une gêne dans l'exécution des tâches, entraîner des contraintes physiologiques (chaleur, poids), ou créer un sentiment trompeur de sécurité. C'est pourquoi ils doivent toujours compléter, et non remplacer, les mesures de protection collective.

Vers une culture de sécurité intégrée

L'utilisation des EPI s'inscrit dans une démarche globale de prévention. Les entreprises les plus performantes en matière de sécurité développent une culture où le port des EPI devient un réflexe naturel, soutenu par l'exemplarité du management et des campagnes de sensibilisation régulières.

Les équipements de protection individuelle représentent donc un élément indispensable de la protection des travailleurs exposés aux dangers professionnels, à condition d'être correctement sélectionnés, entretenus et utilisés dans le cadre d'une politique de prévention structurée.

Stratégies de prévention et bonnes pratiques

La prévention des risques professionnels représente un ensemble de mesures essentielles pour assurer la santé et la sécurité des travailleurs. Les entreprises doivent mettre en place des stratégies proactives pour anticiper et réduire ces risques, créant ainsi un environnement de travail sûr et conforme aux exigences légales.

Évaluation systématique des risques

Toute démarche de prévention commence par une évaluation rigoureuse des risques professionnels. Cette évaluation doit être formalisée dans le Document Unique d'Évaluation des Risques Professionnels (DUERP), obligatoire pour toutes les entreprises. Pour être efficace, cette évaluation doit :

  • Identifier tous les dangers potentiels par poste de travail
  • Mesurer la fréquence d'exposition et la gravité des conséquences
  • Prendre en compte les différences d'exposition selon le sexe des travailleurs
  • Être mise à jour régulièrement et après tout changement notable

Formation et sensibilisation des travailleurs

La formation constitue un axe majeur de la prévention. Les travailleurs doivent recevoir une formation adaptée à leur poste et aux risques auxquels ils sont exposés. Cette formation doit être renouvelée dans certaines situations comme lors d'un changement de poste ou après un arrêt de travail prolongé.

Les sessions de formation doivent couvrir :

  • Les gestes et postures pour éviter les troubles musculosquelettiques
  • L'utilisation correcte des équipements de protection individuelle
  • La manipulation des produits dangereux, le cas échéant
  • Les procédures d'urgence en cas d'accident

Application des principes généraux de prévention

Le Code du travail définit neuf principes généraux que les entreprises doivent appliquer pour structurer leur démarche préventive :

Élimination des risques à la source

Plutôt que de simplement protéger les travailleurs contre un danger existant, les entreprises doivent chercher à supprimer ce danger. Par exemple, remplacer un produit chimique dangereux par une alternative moins toxique ou modifier un processus de production pour éliminer une étape risquée.

Priorisation des mesures de protection collective

Les mesures de protection collective doivent toujours être privilégiées avant le recours aux équipements de protection individuelle. Cela peut inclure l'installation de systèmes de ventilation, de barrières de protection ou l'aménagement ergonomique des postes de travail.

Adaptation du travail à l'humain

L'organisation du travail doit prendre en compte les capacités physiques et mentales des travailleurs. Cela implique de concevoir des postes de travail ergonomiques et d'adapter les rythmes et méthodes de travail pour réduire la fatigue et le stress.

Promotion d'une culture de sécurité

Au-delà des mesures techniques, les entreprises doivent développer une véritable culture de la sécurité où chaque travailleur se sent responsable de sa propre sécurité et de celle de ses collègues. Cette culture se construit par des actions quotidiennes et l'implication visible de la direction.

L'essentiel à retenir sur la protection des travailleurs exposés aux dangers

La protection des travailleurs face aux dangers professionnels nécessite une vigilance continue et une adaptation constante aux évolutions réglementaires et technologiques. Dans les années à venir, nous pouvons anticiper un renforcement des dispositifs de surveillance et de prévention, notamment grâce aux nouvelles technologies permettant une détection plus précoce des expositions dangereuses. Les entreprises devront également faire face à des exigences accrues en matière de transparence sur les conditions de travail et les mesures préventives mises en œuvre. Cette tendance sera accompagnée d'une sensibilisation grandissante des travailleurs à leurs droits et aux moyens de protection disponibles.